"Je ne me trouve pas plus intelligent. Parfois je comprends plus vite, parfois je suis le seul qui ne comprend rien."
"On me dit que je suis trop curieux, trop sensible, trop bizarre, trop ... tout ! Que je me pose trop de questions !"
"On m'a diagnostiqué bipolaire, borderline, TDA/H, hyperactif, anorexique/boulimique, TOC, dys., etc., etc., etc."
"J'ai horreur des étiquettes (les catégories, ... mais parfois aussi celles qui grattent, dans les vêtements)"
Etrangement, ce que les enfants et adultes doués rapportent le plus n'est pas tant l'intelligence, mais plutôt le sentiment d'être en décalage, de se sentir "différent" et de ne pas comprendre pourquoi ...
Alien, E.T. ou extraterrestre sont des termes qui reviennent souvent.
Et c'est ce sentiment de différence qui induit parfois l'impression de ne pas être si intelligent, voire d'être nul, comme beaucoup le rapportent ... quand, enfin, désespérés, ils viennent consulter. Parce que, longtemps, ils ont essayé de "faire aller" ...
Dès le plus jeune âge, ils ont appris à jouer au caméléon, à se couler dans le moule, en se construisant un "faux self", un personnage qui leur permet, croient-ils, de passer inaperçus et de s'intégrer aux groupes. Certains le font mieux que d'autres. Les filles, en particulier, qu'on repère donc moins souvent puisqu'elles "ne posent pas de problème".
En pratique, cela ne fonctionne pas si bien : ils sont "avec" le groupe, mais pas vraiment "dedans". Et ils ont beau faire des efforts, rien n'y fait. Ils ont souvent peu de vrais amis, voire pas du tout, même si certains ont "plein de copains" ou sont "copains avec tout le monde".
Mais, quand on les interroge, ils n'en sont pas forcément conscients (le faux self est partout et depuis longtemps).
Ils passeront donc par des crises où ils se demanderont ce qu'il faut faire pour être "normal" ou s'il faut renoncer pour vivre en ermite. Ces crises s'accompagneront de somatisations diverses et variées, pour lesquelles ils iront consulter psychiatres, psychologues ou psychothérapeutes.
Et ceux-ci ne mettront pas forcément le doigt sur la douance qui, confondue avec l'intelligence, est plutôt considérée comme un avantage, dont on aurait tort de se plaindre.
Alors que le problème n'est pas l'intelligence, mais la différence.
Comment le sait-on ? Quand on les réunit, ils ne se sentent pas si différents.
A quel niveau ? Différence de stimulation, hyperesthésie (exacerbation des 5 sens), qu'on résume par l'"hypersensibilité", même si le terme est trompeur : il ne s'agit pas d'émotivité ou de sensiblerie, même si certains en souffrent, mais plutôt d'une perception du monde différente, qui amène des questionnements existentiels que, manifestement, tout le monde n'a pas.
Un perfectionnisme qui peut mener au syndrome de l'imposteur. Et, souvent, une préoccupation pour autrui et donc le sens de la justice qui va avec.
S'y ajoute une tendance à prendre les choses au pied de la lettre et à ne pas toujours comprendre les implicites, les expressions idiomatiques, les consignes à l'école ou au boulot, qui conduit aussi à "ne pas se penser intelligent". Un peu comme si on parlait une autre langue.
NB : On peut donc légitimement se demander si faire passer un "test d'intelligence standardisé" à des gens qui ne comprenent pas les consignes comme les autres est vraiment une grande idée ...
La conséquence, en finale, est souvent un sentiment d'étrangeté, qui induit un gros manque de confiance/estime de soi, qu'ils traîneront toute leur vie, faute d'en comprendre l'origine.
Ce sont aussi ceux qui feront une "crise du milieu de vie" et "chercheront leur mission sur terre" (et, non, ce n'est pas tout le monde ...)
Vous en connaissez autour de vous ? C'est normal : qui se ressemble s'assemble ! (et, avec le faux self, ça donne "qui s'assemble se ressemble")
En résumé :
Ce que ce n'est pas : un individu "comme les autres", mais avec un haut QI ou une intelligence supérieure.